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Deuil : comprendre, traverser, se reconstruire

 
Le jour de l’annonce

 

Il y a des instants qui changent une vie. Parfois, c’est un appel, quelques mots qui tombent comme une gifle : accident… décès…
À partir de ce moment, le monde extérieur continue de tourner, mais à l’intérieur, tout se fige. La sidération prend le pas, le cerveau refuse d’y croire.

Les conséquences d’une perte brutale:un choc qui bouleverse tout

Perdre un être cher dans des circonstances tragiques est une onde de choc qui déchire le tissu même de nos vies. Que ce soit un parent, un ami, une cousine , cette perte laisse dernière elle un vide, une incompréhension, et souvent un sentiment d’injustice.

Le deuil est un processus complexe qui touche toutes les dimensions de l’être :

Émotionnelles : tristesse, colère, sentiment d’injustice, culpabilité.
Physiques : fatigue, troubles du sommeil, douleurs, perte ou augmentation de l’appétit.
Cognitives : difficultés de concentration, ruminations, pensées intrusives.
Sociales : isolement, sentiment d’être en décalage avec les autres.

⚠️ Dans les décès soudains ou violents, le choc émotionnel est amplifié et le travail de deuil peut être plus long et difficile.

Les étapes du deuil

Le deuil n’est pas linéaire. Et il n’ a pas de « bonne façon » de faire son deuil, ni de durée universelle. Mais certaines étapes sont communes. On peut passer d’une étape à l’autre ou revenir en arrière :

 

    1. Choc et déni – Sidération face à la nouvelle : on n’arrive pas à croire à la réalité de la perte. On a l’impression de rêver ou que « ce n’est pas possible »
    2. Colère – Sentiment d’injustice, révolte : on peut crier, chercher un responsable imaginaire (dieux, médecins, soi-même…) ou se sentir très enragé contre la situation
    3. Marchandage – Tentatives intérieures (souvent magiques ou religieuses) de « négocier » la perte : regrets, remords ou promesses (« Si seulement on avait… ») pour faire revenir l’être aimé
    4. Tristesse et dépression – Prise de conscience concrète de la disparition : grande tristesse, abattement, pleurs et retrait. (Cette phase peut sembler sans issue, mais c’est un signe que l’acceptation s’amorce.
    5. Acceptation et reconstruction – Accepter progressivement la réalité et réorganiser sa vie sans le disparu, en conservant les souvenirs positifs. L’énergie psychique se tourne alors vers l’avenir

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L’important est de laisser s’exprimer son ressenti (écrire, parler, pleurer) à chaque moment, même si cela prend du temps.


Le deuil chez l’enfant

Les enfants expriment le deuil différemment : par le jeu, le comportement ou des questions répétitives.
Pour les accompagner :

 

    • Dire la vérité avec des mots simples adaptés à l’âge.

    • Accueillir les émotions sans minimiser.

    • Maintenir des repères stables.

    • Créer un espace symbolique (dessin, photos, rituel).

Les émotions du deuil sortent par le corps de l’enfant (symptômes physiques ; comportements ; somatisations) »

Les plus jeunes sont très sensibles à l’ambiance émotionnelle de leur entourage : en dessous de 3 ans, l’enfant ne saisit pas l’irréversibilité de la mort, mais perçoit la tristesse ou l’absence des adultes. Il manifeste alors généralement son mal-être par des pleurs, de l’agitation, ou au contraire de l’apathie. Entre 3 et 6 ans, l’enfant peut traverser une phase de sidération ou de déni temporaire, puis passer par la peur (angoisses de séparation) et la tristesse. Il comprend mal le concept de mort définitive et peut dire des phrases magiques (« Maman va revenir »). À tout âge, les enfants endeuillés cherchent souvent à « protéger » les adultes fragilisés, retardant l’expression de leur propre chagrin (on parle de comportements « parentifiants »)

Il est donc important d’accompagner l’enfant avec douceur et clarté, en adaptant l’explication à son âge (par exemple dire la vérité sur la mort sans détailler des scènes violentes) et en l’autorisant à pleurer ou poser des questions. Un encadrement bienveillant (école, psychologue scolaire, associations d’aide) peut être nécessaire s’il montre des troubles durables (peurs excessives, repli sur soi, violences) ou des signes de deuil complexe. Notons enfin que, « le deuil n’est jamais terminé pendant l’enfance ; il est repris au moment de l’âge adulte à l’occasion d’une confrontation à l’attachement » (nouveau deuil, séparation, naissance d’enfant, etc.). Les traces du deuil refont surface en grandissant, ce qui souligne l’importance de soutenir l’enfant dès le départ.Le deuil se vit différemment selon l’âge. L’enfant ne comprend pas la mort comme un adulte : selon son développement, il peut la concevoir comme un simple « endormissement » ou une disparition temporaire. De fait, le deuil chez l’enfant est particulier et son « parcours » est différent de celui d’un adulte. Souvent, les jeunes enfants alternent périodes de jeu « comme si de rien n’était » et accès de détresse brutale. Par exemple, ils peuvent refuser de parler du décès, puis, plus tard, exhiber des symptômes physiques (maux de ventre, insomnies, cauchemars) ou régressions (enurésie, tics) pour exprimer leur douleur. Un document pédagogique note que lors de la phase « dépressive », « l’enfant peut continuer à jouer au point de donner l’impression que la perte n’a pas d’effet sur lui. Il peut développer une hyperactivité.


Le deuil traumatique

Dans les pertes soudaines et violentes, le deuil peut rester « en suspens ».
On parle alors de deuil compliqué : la douleur est ravivée à chaque souvenir ou étape judiciaire.
Un accompagnement spécialisé (EMDR, thérapies intégratives) peut être nécessaire.

Le deuil qui suit une longue maladie, même s’il est tout aussi douloureux, laisse souvent à l’entourage un temps pour se dire au revoir , se préparer et parfois amorcer un changement intérieur avant la perte.


Comment aller mieux

On ne « guérit » pas du deuil. On apprend à vire avec l’absence, à intégrer la personne dans notre histoire de vie, sous une autre forme. Aller mieux ne veut pas dire oublier. Cela signifie retrouver du souffle, de l’élan, et un sens.

 

    • S’entourer de proches à l’écoute.

    • Participer ou créer des rituels commémoratifs.

    • Écrire ses pensées et souvenirs.

    • Prendre soin de son corps (sommeil, alimentation, activité physique douce).

    • Laisser le temps au temps.


La place de la thérapie 

Est-elle nécessaire ?

Oui si :

 

    • La douleur reste intense après plusieurs mois.

    • Les pensées envahissent le quotidien.

    • La colère, l’injustice ou la culpabilité empêchent la paix intérieure.

    • Troubles du sommeil, de l’appétit ou de l’énergie sont importants.

Certaines personnes traversent le deuil sans aide extérieur, en s’appuyant sur leurs ressources internes et leur entourage. D’autres ont besoin d’être accompagnées. Ce n’est ni une faiblesse, ni un échec. c’est parfois la seule façon de continuer à vivre sans s’effondrer.

Quand consulter ?

 

    • Si le deuil devient « bloqué » ou trop envahissant après plusieurs mois.

    • En cas de dépression , d’isolement, de troubles du sommeil persistants.

    • Si la perte ravive des traumatismes antérieurs.

    • Pour les enfants qui ne parlent pas ou changent radicalement de comportements.

    • Immédiatement en cas de détresse ou risque pour soi.

    • Dans les semaines/mois si symptômes persistants.

    • Même plusieurs années après si le deuil reste ouvert.

Qui consulter ?

 

    • Psychologue : accompagnement thérapeutique, thérapie de soutien /humaniste: pour être écouté sans jugement.

    • Thérapies cognitivo-comportementales (TCC) : pour travailler les pensées douloureuses ou culpabilisantes.

    • Psychiatre : si traitement médical nécessaire.

    • Thérapeute spécialisé trauma (EMDR, thérapies intégratives).

    • Groupes de parole / associations de victimes : pour partager son vécu avec d’autres endeuillés peut être profondément réparateur.


Ressources utiles

 

    • SOS Suicide : 31 14

    • SOS Victimes France : 116 006


Conclusion

Le deuil est un chemin intime, parfois solitaire. Se faire accompagner, trouver des espaces pour exprimer sa douleur et comprendre le processus du deuil sont essentiels pour reconstruire un nouvel équilibre et vivre avec l’absence. le deuil est (aussi) une traversée. il y aura des jours sombres, mais aussi des jours de lumières. Vous avez le droit de souffrir. Vous avez aussi le droit de vivre.


En hommage à Mircie, partie trop tôt, brutalement , dans un accident qui laisse une trace indélébile dans nos vies. Cet article est pour sa famille , ses amis, et tous ceux que la perte bouleverse. Le deuil est un chemin , parfois long, mais jamais solitaire.

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